Denis Bonzy

Vers la fin des confrontations droite / gauche : commentaire

Le clivage gauche – droite évolue et il ne serait pas sérieux de le contester. J’approuve pleinement l’analyse de Denis Bonzy mais souhaite apporter quelques commentaires personnels et complémentaires. Le discours des forces politiques se modifie et s’adapte aux situations au point de pouvoir troubler les électeurs. Ségolène Royal évoque « l'ordre juste » tandis que Nicolas Sarkozy s'appuie sur Jaurès et Blum pour présenter son discours de « rupture ».

Dans la même dynamique, François Bayroux s'avance en homme providentiel et Jean Marie Le Pen se réclame du centre droit. Ainsi, la droite n'a plus le monopole des privatisations, comme l'écologie n'est plus une thématique réservée à la gauche.

Néanmoins, je détecte un paradoxe entre l’appropriation par les partis des sujets traditionnels de la confrontation gauche – droite et la volonté des politiques à s’efforcer de rendre crédible le clivage gauche – droite. Si je considère comme une avancée de ne plus considérer la gauche comme le parti des pauvres et la droite celui des privilégiés, je pense indispensable que chaque courant politique conserve son identité et ses convictions.

L’adaptation des propositions aux évolutions de la société et du monde ne doit pas balayer les fondamentaux idéologiques au profit d’une conception seulement opportuniste de concevoir la politique. Les électeurs ont besoin de leaders incarnant des valeurs et une forme moderne d’idéologie. Même si la fin de l’opposition gauche droite peut s’expliquer par la nécessité d’obtenir une adhésion plus large et d'aller chercher les abstentionnistes, elle ne peut être une fin en soi.

En politique, le jeu des alliances s’appuyant sur une fragile convergence de valeurs peut très rapidement décevoir l’électorat et s’afférer improductif sur un plan programmatique. L’affrontement entre deux modèles de société fait parti du débat politique et permet à chacun de s’engager sur des valeurs et des enjeux collectifs. Une convergence excessive entre les deux principaux blocs politique concernant un modèle de société est dangereuse et grave pour la démocratie et la cohérence du paysage politique. Un tel scénario aurait pour principales conséquences de différer les réformes utiles à notre pays, de brouiller les repères des électeurs et enfin favoriser des nominations éloignées de l’intérêt collectif.

Christian Bec

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