NB : au sujet du billet d'hier, voir dans la rubrique "actualité locale" ci-contre les précisions apportées.
Le 17 juin, le PS et Terra Nova ont présenté leur projet pour les primaires pour la présidentielle 2012. C'est un projet très intéressant car il cherche à canaliser le processus de sélection sur des bases claires. Ce que connait aujourd'hui la présidentielle se généralisera progressivement aux autres échéances importantes. Je suis avec intérêt les travaux de Terra Nova car ils me praraissent d'une excellente qualité.
La course à la Présidentielle de 2007 a marqué un tournant en matière de sélection des candidatures à une élection.
Deux modifications majeures sont intervenues dans l'ensemble de la vie publique française.
D'une part, une multiplication des candidatures à la candidature. Les filtres traditionnels sont dépassés.
D'autre part, l'accélération du démarrage du " temps de campagne électorale ". Ce second effet est étroitement lié au premier. Puisqu'il y a une pré-campagne électorale (investiture), le calendrier traditionnel est fondamentalement modifié.
La multiplication des candidatures à la candidature est un phénomène nouveau mais incontournable. Il traduit l'éclatement des groupes de la société comme la décroissance de l'autorité des partis politiques.
Cette concurrence doit donc trouver des moyens de régulation. S'en remettre au 1er tour de scrutin, c'est prendre le risque d'un éclatement des candidatures de nature à faire peser des inconnues majeures sur la vraie représentativité des candidats au second tour.
En avril 2002, la gauche a subi les conséquences directes de la multiplication de son "offre". Cela s'est traduit par son absence au second tour. Le 1er tour est certes un enjeu de sélection mais encore faut-il que cette sélection intervienne sur des bases rationnelles ne faussant pas les critères de présence au second tour.
Le rapport du PS ouvre le collège électoral aux sympathisants. C'est un acte fort.
Il intègre un calendrier qui introduit un "espace de respiration" entre la désignation et le lancement de la campagne ultime du candidat désigné.
En effet, le candidat doit affronter deux étapes successives avec des logiques distinctes voire opposées.
Dans un 1er temps, pour faire la différence au sein de son parti, il doit pratiquer un discours assez " intégriste " pour séduire les militants.
Dans un second temps, il doit chercher à rassembler le plus largement possible.
Ces deux étapes peuvent produire des contradictions redoutables à gérer. Les " effets de campagne " à usage interne au parti risquent d'être des boulets pour le passage devant le suffrage universel. Il y là un problème neuf et majeur de communication.
Le candidat qui participe dans l'objectif de gagner l'élection ultime doit résoudre l'équation suivante : que les conditions de victoire de la primaire dans son camp politique ne soient pas de nature à marquer son profil au point de l'handicaper pour la victoire finale.
En effet, une élection c'est d'abord la rencontre à un moment précis entre le profil perçu d'un candidat et l'attente d'un électorat. L'électorat d'un parti politique est rarement à l'image de l'électorat dans son ensemble. Pour gagner une primaire dans un parti politique il faut donc parfois " forcer le trait ". Encore faut-il que ce ne soit pas au prix d'un divorce ultérieur avec l'électorat dans son ensemble.
C'est un enjeu nouveau de communication. Les Etats-Unis d'Amérique le connaissent depuis longtemps. Le Parti Républicain comme le Parti Démocrate ont parfois connu des vainqueurs de primaires internes qui étaient manifestement trop des " candidats du parti " pour être ceux du pays tout entier. Pour le parti républicain, la dernière candidature de ce type fut celle du ticket Dole-Kemp contre Clinton-Gore en 1996.
La candidature de John Kerry n'a pas échappé pas à ce reproche en 2004. Il est certain que Winsley Clark aurait été, par son profil de carrière militaire, susceptible de séduire une frange des républicains.
Sous ces aspects, le PS ouvre manifestement une nouvelle étape de son fonctionnement.
Deux volets plus étonnants méritent une attention particulière. D'une part, le rapport ne traite pas précisément la question de l'organisation financière si ce n'est en évoquant des dispositions vagues de plafond et d'équité. C'est pourtant là, l'une des questions majeures. Il faudrait évoluer vers la création de comités électoraux ponctuels. Ou faut-il pousser les candidats à créer un parti politique ponctuel pour bénéficier des conditions fiscales propres aux partis politiques mais encore importe-t-il d'assurer la compatibilité avec l'autre parti que serait le PS et donc ne plus sanctionner la "double appartenance".
Le point majeur consiste à "s'approprier" la campagne Obama en socialisant son approche et en contestant de façon expresse le "retour au centre" qu'il a incarné.
C'est un débat intéressant car il sert de creuset au positionnement conceptuel futur du PS manifestement à la recherche de "la nouvelle gauche".
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