Pour Lyon, 1989 fut 1789. Jusqu'alors, des notables sexagénaires mettaient la politique locale "en ordre" à l'occasion de déjeuners ou de diners dans des bouchons lyonnais. Et ce soir de mars 1989, tout cet "équilibre" volait en éclats. Un jeune député faisait un score historique qui modifiait toute l'histoire politique de Lyon.
Hier soir, dans un hôtel de Lyon, Michel Noir a réuni ceux qui ont contribué à son succès de 1989.
A cette date, Michel Noir est un physique, une doctrine et une ambition.
Un physique, car son mètre 93 est l'assurance de le voir distinctement sur chaque photo. Très télégénique, sa photo de campagne en 1989 avait été la reprise d'une affiche de Clint Eastwood et la "copie" était plus belle que l'original pour une fois.
Mais le physique s'accompagnait d'une doctrine sur la "nouvelle vie publique". Avec les rénovateurs au printemps 89, ce fut la première expérience et la seule de tentative de rebellion d'une jeune génération face aux blocages des appareils. La relecture des écrits de l'époque dégage une immense ouverture à du neuf.
C'était une ambition, celle de devenir Président de la République en 1995. Son emploi du temps était organisé en conséquence. Les sondages lui ouvraient les plus belles perspectives.
Mais les affaires ont éclaté. Le plan de carrière a été significativment révisé. Et pourtant, il est le Maire qui a le plus changé Lyon y compris dans la pure esthétique urbaine.
Il appartient à la "génération des décalés" non pas tant par rapport aux schémas politiques d'alors mais par rapport aux capacités de ces élus qui ont été ensuite marginalisés comme Michèle Barzach, Gérard Longuet, Alain Carignon, François Léotard, Charles Millon et dans une moindre mesure Philippe Seguin, voire Alain Madelin.
Pour bon nombre d'entre eux, ils ont été présentés comme auteurs de "scandales politiques" à une époque où les financements politiques étaient un sujet culturellement tabou.
Souvent, ils ont dû laisser la place à des "successeurs" qui ne les auraient probablement jamais battus à la loyale devant le suffrage universel direct.
Avec le recul, la Vème République restera peut-être, et surtout pour cette période des années 90, comme d'abord le scandale de tous les sandales qui n'ont pas éclaté et donc l'injustice de ceux qui ont été jetés en pature … pour aucune modification collective sérieuse de surcroît dans ce domaine comme dans tant d'autres.
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