Il y a actuellement deux questions qui ne sont pas abordées alors même qu’elles sont probablement au coeur de la réalité de faits majeurs :
1) où sont les autres "Jerôme Kerviel" ? Ces derniers jours, les banques plantent des milliards d’euros et il n’y a plus de responsables individuels. Le premier désigné à la vindicte publique (Jerôme Kerviel) était-il vraiment responsable ou s’agissait-il une fois de plus du bouc-émissaire pour sauver un système ?
2) Pourquoi Barack Obama ne devance-t-il pas John McCain de près de 20 points dans les sondages ?
La remontée de John McCain dans les derniers sondages ne s’explique par aucun facteur rationnel en dehors de la volonté de se reporter sur lui pour … éviter l’entrée à la Maison Blanche du 1er Président noir.
Depuis le début de la crise financière, John McCain a été en permanence paralysé ou à contre-courant. Il devrait être à 20 points derrière son concurrent démocrate. Or, sur le plan fédéral, distancé de 9 points il y a une semaine, il y a désormais 4 points d’écart et ce au moment même où Sarah Palin cumule les gaffes dans des conditions qui relèveraient presque de la comédie si elle n’était pas candidate à la fonction de Vice-Présidente de la 1ère démocratie au monde.
L’actuelle crise n’est pas seulement celle "d’une bulle financière". GW Bush laisse une économie en feu en fin de mandat.
Tout d’abord, la situation de l’emploi connaît une dégradation historique. En juin 2008, le seuil des 6 % de chômage a été franchi.
Le retour de l’inflation est manifeste. Les Etats-Unis partent pour une inflation de l’ordre de 4 % sur le plan annuel.
La crise immobilière ruine des patrimoines dans des proporitions historiques. Le nombre de maisons en vente est tellement élevé qu’il ne trouve pas de preneurs. Les maisons sont saisies pour … rester vides.
La situation des finances publiques est dramatique. Lors du second mandat de Bush, elles ont connu une détérioration considérable. Les baisses d’impôts décidées lors du premier mandat de Bush, le ralentissement de la croissance et les conséquences financières de la guerre en Irak ont provoqué une envolée du déficit public qui va dépasser largement les 3 % du PIB dès le début 2009.
La déprime du secteur automobile est sans précédent. Les constructeurs ont pris conscience de la nécessité d’un changement de modèle économique. Les décisions prises par General Motors sont emblématiques d’un total retournement de positionnement. La question est de savoir quand les effets positifs interviendront et à cette date dans quel état sera l’industrie automobile? Dans les Etats où cette industrie est concentrée, à l’exemple du Michigan, le taux de chômage progresse de façon accélérée pour dépasser désormais les 7 % ce qui est rarissime.
Le système de santé n’a pas été réformé. C’est le maillon faible du dispositif Américain. Il est coûteux et peu efficace. 47 millions de personnes ne disposent pas d’assurance santé. Mais est-il possible d’engager une telle réforme quand l’économie générale est au bord du gouffre ?
Ces faits montrent que les Etats-Unis sont dans une situation globale très préoccupante qui dépasse largement le seul domaine "d’une bulle financière".
Qu’un candidat démocrate ait à batailler aussi fort pour creuser l’écart dans de telles circonstances relève d’une explication irrationnelle.
L’Amérique profonde s’interroge sur sa capacité à accepter le 1 er Président noir. C’est probablement la réalité derrière les actuels chiffres. C’est une réalité très grave car penser qu’à notre époque la couleur de peau puisse encore tenir un tel rôle est très inquiétant alors même que ce candidat démocrate effectue une campagne magnifique et incarne une nouvelle démocratie Américaine faite d’espoir.
Denis Bonzy
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